Les cent ans de Roger Somville

Roger Somville naît dans une famille modeste. Son père, artisan marquetteur, meurt jeune ; il reste avec sa mère qui doit alors subvenir seule à leurs besoins, les conditions matérielles sont précaires. Dans sa famille, tous sont artistes, pratiquent le dessin ou la peinture ; par son grand-père et un oncle, il est sensibilisé à la pensée anarchiste et marxiste. Il est adolescent quand éclatent la guerre d’Espagne et ensuite la seconde guerre mondiale, il prend conscience de la dramatique condition humaine.

Il lit Karl Marx, Lénine, Brecht et Elie Faure ; il fréquente les milieux marxistes et opte pour une conception socialiste du monde.

Roger Somville commence à étudier la peinture à l’Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles qu’il quitte, écoeuré, fin 1942. Pressé par sa mère de choisir un métier "sérieux", il s’inscrit à l’Ecole nationale supérieure d’Architecture et des Arts décoratifs de La Cambre, il y rencontre le peintre Charles Counhaye, professeur d’art monumental, dont il devient l’élève. En 1943, il rencontre Edmond Dubrunfaut, déjà passionné par la tapisserie, qui suit également le cours de Counhaye. Cette année-là aussi, il fait la connaissance de Simone Tits, étudiante en céramique, elle deviendra sa femme et sa muse. Simone lui fera rencontrer Louis Deltour.

En 1944 et début 1945, les dessins et les premiers projets de tapisseries de Somville dénoncent les horreurs de la guerre.

En 1946, Dubrunfaut, Somville et Deltour fondent, le "Centre de Rénovation de la Tapisserie de Tournai" puis la "Coopérative artisanale de la Tapisserie".

Somville, Dubrunfaut et Deltour se retrouvent dans leur idéal de paix, leur espoir d’un monde meilleur. Ils sont inspirés par le muralisme mexicain, mouvement qui avait une implication aussi politique que sociale, envisagée par les artistes comme une force révolutionnaire au service de l’homme, permettant la création d’œuvres émouvantes et puissantes à l’instar du "Guernica" de Picasso.
En 1947, ils créent "Forces murales" dont le manifeste revendique la revalorisation des diverses techniques murales et défend « un art public exaltant la vie et le travail des hommes, leurs luttes, leurs souffrances, leurs joies, leurs victoires et leurs espoirs ».
Roger Somville rejoint le parti communiste en 1949 et le "Conseil mondial pour la paix".

Entre 1947 et 1953, Roger Somville et "Forces murales" réalisent de nombreuses fresques et peintures murales, des peintures sur toile libre, des cartons de tapisseries et de vitraux. Des divergences apparaissent cependant entre ces fortes personnalités et Louis Deltour quitte le groupe en 1953. Somville et Dubrunfaut continuent à travailler ensemble jusqu’en 1959.

Après "Forces murales", Somville s’investit dans différents projets collectifs : la fondation de la Céramique de Dour avec Simone Tits en 1951. En 1954, il crée le mouvement "Art et Réalité". En 1969, il est membre fondateur du « Mouvement Réaliste » et du « Collectif d’Art Public » en 1979.

Parallèlement, Roger Somville poursuit sa carrière de professeur puis de directeur de l’Académie des Beaux-Arts de Watermael-Boitsfort jusqu’en 1994. Son engagement se manifeste également dans ses écrits (Pour le réalisme, Hop la ! Les pompiers les revoilà, Peindre). Il partage son temps entre ses ateliers de Tervuren et d’Olmet en Auvergne. Il participe à des centaines d’expositions personnelles et collectives.

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Fresque "Notre temps", station de métro Hankar à Bruxelles, 1976
 

Sources :

  • Forces murales, un art manifeste : Louis Deltour - Edmond Dubrunfaut - Roger Somville / direction par Jacqueline Guisset & Camille Baillargeon. - Wavre (Belgique) : Éditions Mardaga, 2009.
  • Somville : tapisseries 1945-1999 / Jacqueline Guisset & Jean Goldmann. - Sprimont : Mardaga, 1999.
  • Roger Somville / par Emile Langui & Marcel Fryns ; photographie par Daniel Frasnay ; avec la collaboration de Pierre Gillion. - Bruxelles : Dereume, impr. 1973. - 394 p. ; 30 cm.