Louis Van Geyt, aujourd’hui 88 ans, questionné par le journaliste Jean Lemaître, donne sa vision de l’histoire du PCB, de 1945 à 1985, dans laquelle il a joué un rôle essentiel. Ce sont, ainsi, quarante ans d’action de la gauche en Belgique qui sont explorés, de façon vivante.
Comprendre hier pour réinventer demain !
Louis Van Geyt, aujourd’hui 88 ans, questionné par le journaliste Jean Lemaître, donne sa vision de l’histoire du PCB, de 1945 à 1985, dans laquelle il a joué un rôle essentiel. Ce sont, ainsi, quarante ans d’action de la gauche en Belgique qui sont explorés, de façon vivante.
Ceci n’est pas L’histoire. Mais Une histoire du Parti communiste de Belgique, via le témoignage de Louis Van Geyt, qui fut son président de 1972 à 1995 et progressivement un acteur de premier plan dès 1948, date à laquelle, issu des Étudiants socialistes, il avait rejoint le PC.
J’ai personnellement mené ces entretiens à travers des questions serrées, parfois piquantes, n’éludant aucune zone gênante. Par ce travail, mon souci fut d’abord de m’adresser, sans langue de bois, aux nouvelles générations qui s’intéressent à la politique, s’interrogent sur les meilleurs chemins à emprunter, en intégrant des bonnes et moins bonnes leçons du passé. C’est pourquoi j’ai parsemé ce livre de moult notes explicatives, destinées à restituer les multiples événements et personnages évoqués au fil de l’ouvrage. Dans ce même esprit d’accès au plus grand nombre, je ne suis pas entré dans le détail des querelles ayant traversé l’appareil communiste belge. L’angle d’attaque s’est voulu plus large, analysant les relations souvent innovantes entre le PCB et les autres mouvements de gauche, le Parti socialiste en premier, mais aussi les chrétiens progressistes, et, bien entendu, la FGTB, au sein de laquelle les militants communistes furent, durant toute cette période, très présents.
La dialectique contre-pouvoir / pouvoir
Il en ressort la volonté du Parti communiste, excepté pendant l’intervalle ultra sectaire de 1948-1954, d’allier en permanence les forces progressistes, en mobilisant sans relâche à la base, tout en veillant à peser sur les gouvernements en place, pratiquant un mouvement dialectique contre-pouvoir / pouvoir.
Le livre démarre en 1945 et le formidable espoir de changer radicalement la société. Le PC en Belgique est alors au faîte de sa popularité. Il rassemble près de 100.000 membres, devient le troisième parti politique de Belgique et obtient, aux législatives de 1946, pas moins de 23 députés.
Il se clôture en 1985, après l’évocation de la puissante mobilisation contre l’implantation de missiles nucléaires en Belgique. Bien qu’y ayant participé très activement, au diapason du mouvement pacifiste (ni fusées soviétiques, ni américaines, mais une désescalade mutuelle), le Parti communiste en sort, la même année, laminé électoralement, perdant toute représentation parlementaire. Ce qui signe sa mort clinique, comme parti influent dans la vie politique belge.
Entre ces deux dates clés, que s’est-il passé ? Qu’auront apporté les communistes à l’histoire du pays, aux conquêtes sociales ? Pourquoi le PC belge a-t-il régressé de la sorte, cinq ans avant l’effondrement de l’URSS et des dites « démocraties populaires » ? Traditionnellement, la perte d’influence des PC occidentaux est présentée comme liée à la chute du Mur de Berlin. Certes, cela a joué. Et ces entretiens avec Louis Van Geyt montrent, en effet, la difficulté éprouvée par le PC belge à se distancier nettement des régimes autoritaires à l’Est, à affirmer - et appliquer - haut et clair un eurocommunisme réinventant le socialisme, à l’opposé du système momifié brejnévien si éloigné de l’idéal des débuts : l’émancipation des hommes de toute servitude.
Des facteurs surtout internes à la Belgique
« La Passion du Trait d’union » passe en revue la plupart des événements qui ont secoué la Belgique de 1945 à 1985 : le gouvernement des gauches au lendemain de la guerre, auquel le PC prit part ; la lutte contre le service militaire, passé à 24 mois sous la férule des catholiques revenus au pouvoir ; la crise royale ; l’assassinat de Julien Lahaut et le « Vive la République » ; la décolonisation du Congo ; les grèves de 1960/1961, qui expérimentèrent également de nouvelles pratiques syndicales démocratiques...
Début des années ’70, après le creux de la guerre froide, le PC affiche une assez bonne forme : un score oscillant entre 6 et 7% au niveau francophone, 10.000 membres, des forces vives dans les entreprises, une presse redevenue quotidienne (« Le Drapeau Rouge ») lue bien au-delà du Parti.
Mais voilà, le vent libérateur de Mai’ 68 a soufflé sur la Belgique. Les jeunes mettent en avant de nouvelles aspirations. Le tissu industriel - vivier naturel des communistes - se rétrécit. L’écologie monte en puissance. Plus profondément, c’est toute la société qui subit une mutation structurelle, que la direction du PC, pour l’essentiel issue de la Libération, vieillie, ne veut ou ne peut pas prendre (suffisamment) en compte. Face à la percée d’Ecolo, nombre de progressistes se détournent de ce parti, devenu un produit « vintage ».
Lisez le livre. Jugez par vous-mêmes. Et débattons-en... Finalement, n’est-ce pas de l’ensemble de la gauche belge dont nous parle « La Passion du Trait d’union », au moment où un regain de luttes contre le néo-libéralisme triomphant (et la pensée unique, son corollaire) s’impose ?
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