Prix bisannuel du CArCoB

Édition 2015

Le Prix bisannuel du CArCoB a été attribué pour la première fois ce 15 décembre 2015. Distinguant une « contribution scientifique originale à la connaissance historique des mouvements communistes en Belgique », ce prix veut également « stimuler et valoriser les recherches et travaux mettant en valeur la documentation du Centre ».

Six travaux de grande qualité ont été soumis au jury constitué au sein du Conseil scientifique du CArCoB, ce qui témoigne de l’intérêt porté aux études sur le communisme en Belgique et la qualité des sources offertes par le CArCoB. Travail de chercheur confirmé, thèses de Doctorats et Masters en histoire ont ouvert des champs nouveaux et originaux portés par une génération qui pour l’essentiel est postérieure à la disparition de l’URSS et de la plupart des PC. L’ère des histoires justificatrices ou à l’inverse, inquisitoriales, est clairement et heureusement dépassée en Belgique, à l’inverse des batailles idéologiques qui perturbent encore l’historiographie du communisme, en France notamment. La politique d’ouverture totale des archives pratiquées par le CArCoB en est manifestement l’une des causes.

À l’unanimité, le jury a décerné le Prix CArCoB 2015 à Anne-Sophie Gijs pour son étude Le pouvoir de l’absent : les avatars de l’anticommunisme au Congo (1920-1961), Thèse de Doctorat en histoire, défendue à l’UCL en 2014.
L’auteur a réalisé une somme érudite et passionnante qui démontre comment la peur du rouge a véritablement façonné la politique coloniale de la Belgique, et au-delà, du camp occidental, principalement les États-Unis à partir de la guerre, dans ses structures politiques, diplomatiques, administratives et policières. Elle met en scène hommes politiques, dirigeants de sociétés, cadres administratifs, judiciaires, et policiers, étroitement liés, mais aussi, c’est plus rare en « histoire coloniale », les Congolais eux mêmes ! Parallèlement, elle décrit « la réalité de l’absence », c’est à dire qu’elle étudie depuis sa fondation, la position idéologique, la propagande et « l’action » du Parti communiste de Belgique envers le Congo qu’elle inscrit parfaitement dans la ligne générale de l’Internationale communiste et ensuite de l’URSS, voire de la Tchécoslovaquie dans les dernières années. Elle démontre l’inefficacité totale des multiples tentatives de déploiements communistes en direction de la colonie avant 1958 et décrit avec justesse les liens enfin établis et jamais stabilisés à partir de cette date. Elle fait, en passant, justice du « communisme » de Patrice Lumumba sans nier pour autant les liens réels qu’il avait noués avec quelques militants principalement des Jeunesses Communistes.

Tout cela, Anne Sophie Gijs l’assied sur une documentation totalement originale, trouvant des éléments essentiels et précis de « l’action communiste belge » tant à Washington qu’à Londres ou Paris. Elle révèle de manière magistrale les différents aspects des stratégies belge, américaine, française et britannique envers le Congo et ses richesses. Elle a réussi également à exhumer des sources révélatrices à propos de l’URSS et/ou de la Tchécoslovaquie, acteur de terrain important par sa légation, seule « enclave » communiste au Congo.

Nous nous réjouissons d’apprendre la publication de ce travail.

→ GIJS, Anne-Sophie, Le pouvoir de l’absent. Les avatars de l’anticommunisme au Congo (1920-1961), Bruxelles, Peter Lang, 2 vol., 2016. (Vol. 1, 539 p. Vol. 2, 485 p.) 91€.

 
Le rapport du jury sur l’ensemble des travaux est disponible sur le site du CArCoB : http://CArCoB.eu/IMG/pdf/prix_15_ra...
 

 
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