Archives de la Jeunesse communiste de Belgique
Amandine Verheylewegen a achevé - avant de s’envoler vers de nouvelles aventures - l’inventaire des archives de la Jeunesse communiste de Belgique (JCB) disponible ci-dessous ou sur notre catalogue en ligne Pallas. Ce précieux outil facilitera la recherche à peine entamée par plusieurs historien.ne.s dans des mémoires de maîtrise consultables au CArCoB.
La période couverte commence avec la refondation de la Jeunesse communiste de Belgique qui avait déjà existé avant-guerre. En effet, en 1956, la Jeunesse Populaire de Belgique renonce à sa vocation de mouvement de masse axé sur les loisirs des jeunes. Elle devient une organisation essentiellement politique, un outil du PCB pour son travail dans la jeunesse de l’époque.
La fin des années 1950 et le début des années 1960 sont marqués par sa lutte pour la démocratisation des études et l’amélioration du statut des étudiants et des travailleurs fréquentant les « cours du soir ». Elle se mobilise pendant la grève de 1960-1961. La JCB est pleine de confiance dans l’avenir et participe avec enthousiasme au Festival Mondial de la Jeunesse à Moscou en 1957. Elle s’engage dans la solidarité avec le FLN algérien et dans le mouvement pour l’indépendance du Congo, apportant une aide pratique à Patrice Lumumba. C’est aussi l’époque du lancement des marches anti-atomiques, dont la JCB est la cheville ouvrière, et des grandes manifestations de solidarité avec le Vietnam.
- Affiche réalisée par Willy Wolsztajn pour la fête de solidarité organisée par la Maison des Jeunes 1917 suite au saccage de leur local, 1980
Les cadres de la JCB s’investissent beaucoup dans les conseils consultatifs de la jeunesse, nationaux, provinciaux et communaux. Cela ne les empêche cependant pas d’être surpris par le mouvement soixante-huitard. La JCB subit ensuite une période de désorganisation où les régionales agissent en ordre dispersé. Elle se ressaisit avec la campagne en faveur d’Angela Davis, de la solidarité avec l’Unité populaire au Chili, des luttes contre le fascisme en Grèce, en Espagne et au Portugal. En 1974, les étudiants communistes organisés au sein de l’UNEC fusionnent avec la JCB qui s’adressait, jusque-là, aux jeunes travailleurs et aux élèves du secondaire.
La JCB est en pleine croissance pendant les années 1970 et ouvre plusieurs maisons de jeunes reconnues ou non. Elle lance un organe de presse, L’Offensive, qui deviendra Oxygène au début des années 1980 ; un journal à la pointe des revendications pour la réduction du temps de travail et l’abaissement de l’âge de la pension. Au cours de cette décennie, la JCB fait front contre les mesures frappant l’enseignement, l’achat des chasseurs-bombardiers F16, les restrictions aux sursis pour le service militaire. Elle est également présente pour soutenir Willy Peers et sa lutte pour la dépénalisation de l’IVG. La question de l’eurocommunisme entraîne une vive opposition entre les régionales de Liège et de Bruxelles. Progressivement, le déclin s’amorce. Toutefois, le festival mondial de la Havane organisé en 1978 est encore un succès ; la JCB prenant l’initiative d’une délégation belge vraiment pluraliste - composée d’éléments variés allant des « gauchistes » jusqu’à la JOC.
Au cours des années 1980, elle participe aux mobilisations contre le chômage des jeunes, les euromissiles et l’apartheid. Après un ultime festival à Pyongyang, la Fédération mondiale de la jeunesse démocratique, à laquelle la JCB appartient, s’effondre avec le bloc soviétique. La JCB unitaire se fédéralise puis se sépare en deux ailes linguistiques qui s’affaiblissent chacune progressivement, la KJB étant la première à cesser d’exister. La JCB la suit en 1991, avec les derniers membres groupés autour de l’ultime carré liégeois qui sauvèrent d’ailleurs les archives. La JCB a suivi la courbe descendante du PCB, mais n’est pas la seule organisation de jeunesse politisée à disparaître. La JOC est devenue un service de jeunesse pluraliste, la Jeune Garde Socialiste (JGS), fer de lance de la IVème internationale, n’est plus. Quant aux « Jeunesses » des partis actuels, elles n’ont pas d’activité sur le terrain, ce sont des antichambres d’une carrière politique. Une seule exception : le PTB qui a construit un parti et s’est doté d’organisations de jeunesses spécifiques pour les enfants, les adolescents et les étudiants, reprenant ainsi le schéma qui fut celui du PCB : Pionniers, JCB, UNEC.
Jules Pirlot