RELECOM Xavier (1900-1977) par José Gotovitch
Éveillé à la politique par des contacts ouvriers au cours de la guerre, il est enthousiasmé par la révolution d’Octobre. Il suit les cours de la Centrale d’Education Ouvrière, où il enseignera ultérieurement jusqu’en 1927. Concurremment il adhère en 1919 au Syndicat des Employés et à la Ligue Ouvrière (POB) de Schaerbeek ainsi qu’à la Jeune Garde Socialiste. Il se révèle aussitôt militant et assume très vite des responsabilités. Dès 1923 il est Secrétaire-adjoint de la Ligue Ouvrière et responsable de la section JGS de Schaerbeek. En 1925, il passe à Ixelles dont il devient secrétaire de la Ligue en même temps que secrétaire fédéral des Jeunes Gardes socialistes pour le Brabant.
En 1925, il épouse Georgette Fisbach, d’origine française (Molenbeek , 26 décembre 1906) qu’il a rencontrée aux JGS. Leur fils, Emile, naît en 1927. Son beau-frère, Gustave Fisbach, volontaire des Brigades Internationales au sein du bataillon André Marty, tombera à vingt ans à peine, sur le front d’Huesca en Espagne en juin 1937.
Xavier Relecom s’est placé d’emblée à la gauche du parti et adhère aux Amis de l’Exploité mais ne suivra pas son animateur, Joseph Jacquemotte qui fonde le parti communiste après son exclusion du POB en 1921.
À la fin de l’année 1924, il fait partie de l’équipe fondatrice de La Lutte des Classes, « organe unitaire marxiste » créé par Fernand Brunfaut avec Albert Marteaux, Célestin Demblon et Frans Liebaers. On le retrouve en 1926-1927 avec ce dernier dans l’expérience de L’Unité organe d’un groupe de syndicalistes prônant l’action commune avec les communistes, mais qui rompra avec eux...
En fait, nous apprend une « bio » rédigée en 1954, il a demandé en 1925 son adhésion au Parti communiste, mais les dirigeants de ce dernier lui ont conseillé, tout en le « considérant comme membre » de demeurer au sein du POB et des JGS. Le voilà donc « sous- marin » ou « en contact » selon le jargon du parti ; il le restera trois ans, trois années de combats politiques pour pousser le POB à gauche. Ils sont alors quelques-uns à Bruxelles et Liège à œuvrer dans cette direction, sans aucun lien avec le PCB : c’est l’époque de La Bataille Socialiste (1926-1928) animée par Paul-Henri Spaak et Albert Marteaux. Xavier Relecom en est l’administrateur. En 1926, il figure sur la liste socialiste aux élections communales à Ixelles.
La même année, il participe, comme représentant des JGS à la constitution de la section belge du Secours Rouge International que préside Charles Plisnier. « Croix-Rouge du prolétariat international », le SRI assure partout dans le monde la défense des victimes de la répression patronale ou nationale. Son centre se situe à Moscou et il s’inscrit dans la mouvance directe de l’Internationale communiste. En Belgique, le SRI bénéficie de l’adhésion de nombreux socialistes, et accueille également à titre collectif des sections syndicales. À son programme, notamment, la défense des activistes. Son nombre d’adhérents grimpera jusqu’à 6.000, trois à quatre fois plus que le PCB. La section belge réussira notamment en 1927 une très large mobilisation en faveur de Sacco et Vanzetti. Xavier Relecom siège dès le début au Comité exécutif. Mais en février 1927, le POB interdit à ses membres l’affiliation au SRI dénoncé comme une machine de guerre au service du PC. Cette fois, Relecom maintient son, affiliation. Il présente le rapport d’organisation à la conférence nationale de septembre 1927 où il souligne que beaucoup de socialistes n’ont pas suivi les directives de leur parti. Exclu du POB en novembre 1927, il adhère officiellement en août 1928 au PCB en même temps que quelques animateurs flamands de La Bataille socialiste, dont Jef Van Extergem et Isidore Heyndels.
Il rejoint donc le PCB dans la période d’étiage de la scission trotskyste. Le parti compte alors moins de 1000 adhérents. Autodidacte très cultivé, doté déjà d’une solide expérience politique, Xavier Relecom est d’emblée désigné comme secrétaire fédéral à Bruxelles, coopté au Comité central en 1929, au Bureau Politique provisoire en 1930-1931. Ses compétences professionnelles le désignent également comme trésorier national. Il assure en 1931 et 1932 le secrétariat belge de l’Internationale Syndicale Révolutionnaire.
Mais la crise de la section belge du SRI, gagnée par la minorité trotskyste avec l’appui de Charles Plisnier, fait en sorte que l’IC l’installe en janvier 1932, malgré lui, comme secrétaire général. Il ressent cette affectation comme une mise à l’écart du Bureau politique, mais discipliné, s’estime contraint à “ faire son devoir ”. Il abandonne alors la situation matérielle relativement confortable que lui permettait la pratique de son métier d’expert comptable pour devenir permanent (mal) rémunéré (1600francs par mois). Le couple s’installe dans une mansarde avec l’enfant et Georgette Relecom fait de la comptabilité pour survivre.
Élu au Comité central au congrès de Seraing (1931), Relecom assure fermement la direction par le Parti d’une section belge du SRI fréquemment agitée de remous provoqués par les dirigeants contestataires, fidèles mais remuants, Robert Lejour et Pierre Vermeylen. Sur tous les points soulevés, expulsion de France de Trotski, procès des industriels en URSS, mais aussi stratégie du PC en Allemagne, Relecom impose la ligne officielle au sein de ce qui est considéré comme » le meilleur réservoir » du parti.
Une nouvelle crise étant survenue au sein du PCB à l’été 1934, mettant en cause la direction des jeunesses communistes et celle, jugée « sectaire », du parti, Relecom est réintroduit au sein du Bureau politique pour préparer le tournant qu’officialise la conférence nationale de Charleroi en avril 1935. Celle-ci le désigne, aux côtés de Joseph Jacquemotte comme secrétaire adjoint et responsable de l’organisation. Au-delà de l’élimination des dirigeants jugés responsables des « erreurs », stratégie du bouc émissaire inhérente à la politique de l’IC, Charleroi marque pour la Belgique le rejet de la politique « classe contre classe » et lutte privilégiée contre le « social-fascisme » et l’adoption de la stratégie antifasciste.
C’est dans l’application de cette politique de Front populaire que l’ancien militant socialiste se déploie alors avec succès, finalisant des contacts politiques qu’il avait conservés, utilisant sa connaissance du » monde réel » qu’il partage avec Jacquemotte, issu lui aussi de la social-démocratie. Sur cette lancée, le PCB connaît un essor jamais atteint. Les élections de mai 1936 envoient neuf communistes à siéger à la Chambre. Relecom est député de Bruxelles. Mais Jacquemotte meurt en octobre 1936 et la direction du Parti échoit entre les mains de trois secrétaires dont aucun, selon le délégué de l’IC, ne jouit de l’autorité et de la connaissance du mouvement ouvrier dont bénéficiait le défunt. Ils sont de plus fortement divisés. C’est alors que Berei, le délégué de l’IC en Belgique fait le choix de Relecom pour assumer le premier rôle, mettant en avant sa formation politique, sa popularité dans le Parti, “ sa plus grande capacité à s’orienter dans les questions politiques, sa capacité d’apprécier d’une façon juste et réaliste les rapports de force et de déterminer une tactique souple ”. Très bon organisateur, la souplesse qu’il exagérait parfois facilitait néanmoins le travail collectif. Berei souligne également ses qualités d’orateur, sa capacité d’établir « des contacts avec les masses ». Le délégué de l’IC signale qu’il est devenu un parlementaire écouté. Les seuls défauts relevés concernent ses méthodes par trop diplomatiques à l’intérieur, qui manquent parfois d’énergie pour aller à contre courant. La prééminence de Relecom ne fut officialisée qu’au congrès d’août 1939, mais dès le congrès d’octobre 1936, c’est lui qui présente le rapport politique et mène les débats au comité central.
L’argumentation avancée reflétait bien la séquence politique du moment. Relecom fut choisi pour sa personnalité toute en rondeur populaire, contre d’autres candidats jugés trop sectaires, le seul critère “ bolchevique ” invoqué en sa faveur étant son opposition intransigeante envers le trotskysme dans les péripéties traversées par le PCB depuis 1928.
Secrétaire du Parti, tenant fermement l’organisation entre ses mains, parlementaire fort actif dans les débats sur la guerre d’Espagne, les scandales financiers, la politique internationale, le fascisme, il est réélu à la première place à Bruxelles en 1939 et devient conseiller communal de cette ville en 1938. Plusieurs de ses discours sont reproduits et diffusés en brochures. Il mène à plusieurs reprises des tractations fort actives avec la gauche socialiste où il a conservé des amis, en particulier Isabelle Blume et Fernand Brunfaut. Relecom affirme ainsi en peu de temps une véritable personnalité d’homme politique, populaire et respecté. La culture qu’il avait acquise et développée en fait un interlocuteur attentif du Comité de Vigilance des Intellectuels antifascistes.
Travaillant main dans la main avec Berei, il prend alors régulièrement le chemin de Paris et de Moscou. Il assiste fréquemment aux Comités centraux et parfois au Bureau politique du PCF. En février 1937, août 1938 et juillet 1939, il fait rapport devant le secrétariat de l’IC sur la situation belge, En janvier 1939, il demande officiellement le maintien du délégué de l’IC en Belgique, ce à quoi Moscou consent. Il faut dire que le “ couple ” peut désormais se targuer de succès tant dans le développement du Parti que dans son audience politique et électorale. Le point noir demeure la presse, le quotidien La Voix du Peuple lancé par Jacquemotte demeurant gravement déficitaire.
Mais l’identification de Relecom à cette phase de la politique de l’IC, et en particulier l’exaltation lyrique du passé national des peuples de Belgique, qui résonne dans son rapport au congrès de 1939, ne le conduit pas à cacher les difficultés et l’évolution contradictoire des relations avec les socialistes à partir de 1938.
Au moment où, en écho aux purges soviétiques, l’Internationale presse les partis de mettre sur pied un appareil de cadres efficace, Relecom posa un geste particulièrement rare en prenant clairement position en faveur de son ancien compagnon, Henri De Boeck, dénoncé alors de la manière la plus infamante et la plus périlleuse qui soit, comme trotskyste. En juillet 1939, ceci est-il la conséquence de cela, il fait lui-même l’objet de deux demandes de vérifications.
La signature du pacte germano-soviétique ouvre une période difficile et mouvementée. Relecom est à Moscou en juillet 1939 pour discuter le rapport qu’il va présenter devant le Congrès convoqué pour le 15 août. Il perçoit des tergiversations et une pression évidente mais sans explications pour faire reporter ces assises. Il est de retour à la veille de leur ouverture et rien ne laisse présager le coup de tonnerre du 28 août.
Mais sa disposition d’esprit se reflète clairement dans le discours qu’il prononce à la Chambre le 5 septembre 1939, Décrivant le pacte comme une mesure « disloquant le bloc des pays agresseurs », il se fait rappeler à l’ordre par le Président quand il souhaite « la défaite rapide de l’Allemagne hitlérienne » dans la guerre juste que mène, en se défendant, la Pologne. Et il assure qu’en cas d’agression du pays, les communistes s’engagent à combattre au premier rang. Mais cette orientation dite de défense nationale et anti-nazie, est explicitement désavouée trois jours après par l’IC, comme celle, identique prise spontanément par les partis français, anglais et américain. Relecom assume sans plus de réticences le tournant de la politique dite des deux impérialismes. Dans la période confuse de la « drôle de guerre », il assure la mise sur pied d’un appareil clandestin, prend les dispositions nécessaires pour l’accueil dans l’illégalité des dirigeants communistes français et fournit l’appui nécessaire à l’Orchestre Rouge. Particulièrement discipliné, il passe lui-même dans l’illégalité dès mars 1940, ce qui lui vaut de n’être pas cueilli le 10 mai 1940 par les autorités belges. Les premières initiatives prises sous l’occupation lui reviennent. À partir du mois d’août, avec Berei échappé de détention, il constitue désormais l’unique direction politique et opérationnelle du PCB, Il demeure en contact avec Moscou au travers de l’ambassade soviétique. Après le 22 juin 1941, alors que Relecom dispose de son propre appareil de liaison radio, les rapports avec l’IC passeront le plus souvent par Eugen Fried, l’envoyé de l’IC auprès du PCF, en résidence à Bruxelles.
Relecom assure donc toute l’évolution de la politique du PCB, sous les pseudonymes de Gustave, Renard, Valérie, Verbeek, jusqu’à son arrestation le 6 juillet 1943 dans la grande razzia qui frappe le comité central du Parti et la direction des Partisans armés. à la suite de « l’affaire Nothomb ». C’est alors, à Breendonk, le 23 juillet, qu’avec trois autres membres arrêtés du Bureau politique, il accepte, après de fortes réticences, de passer un “ marché ” avec la SIPO-SD. Sur la promesse que tous les dirigeants du parti et des Partisans arrêtés ne seront pas traduits devant la justice allemande, et donc pas fusillés, les « quatre » font savoir à trois responsables des PA qui refusaient de parler, qu’afin de préserver les cadres, il n’était plus opportun de se taire. Malgré cela, deux des trois concernés seront fusillés par la suite comme otages. C’est le début d’une « affaire secrète de parti » qui pèsera sur les quatre et le PCB pendant plus de quarante ans. Les interrogatoires se poursuivront jusqu’en décembre. Le 13 février 1944, c’est le départ vers l’Allemagne où un périple à travers de multiples prisons le conduit, avec ses compagnons à Sachsenhausen le 8 mars.1944. Après quatorze mois de détention au cours desquels plusieurs victimes de la razzia de 1943 meurent d’épuisement ou de maladie, les prisonniers entament le 21 avril 1945, une marche meurtrière vers Lubeck. Aucune hostilité particulière ne s’est manifestée envers lui durant toute sa détention de la part des autres communistes.
L’Armée Rouge les libère le 4 mai à Grivitz dans le Mecklemburg. Aussitôt « enlevé » et conduit à l’Etat Major d’Armée, Relecom est expédié en avion à Moscou où il arrive le 22 mai. Le Komintern étant dissous, c’est « l’Institut de recherche scientifique n° 100 » qui accueille l’ex -secrétaire général du Parti belge et qui l’accrédite comme collaborateur à partir du 23 mai. En fait il est en observation et doit rédiger un rapport sur son arrestation et ses suites. En dix-neuf pages manuscrites, il fournit une synthèse fort précise de la suite des événements... À propos du « compromis », tout en soulignant ses réticences, il reconnaît avoir commis « une grave faute ». Il se targue d’avoir émis ce jugement dès le début et de l’avoir communiqué à ses camarades de détention. Le « département des cadres de l’Institut », il s’agit en fait du parti soviétique, ainsi que Dimitrov, l’ex-secrétaire général de l’IC, se penchèrent sur le dossier, hésitant sur la suite à donner : sanctionner en URSS - on devine comment— ou autoriser le retour en renvoyant au parti belge. Un témoignage affirme que le feu vert serait venu de Berei à Bruxelles. Relecom rentra le 22 juin 1945. Il fut aussitôt isolé à la campagne jusqu’au comité central du 11 août 1945 au cours duquel furent rendues publiques ses démissions de député (lettre publiée dans le Drapeau Rouge du 11 août 1945) et de conseiller communal. Il en fut ainsi pour le blâme sévère infligé par la Commission de contrôle et la remise à la base des quatre pour « manque de dignité et de fermeté devant la Gestapo ». Aucun détail ne fut révélé alors. Il ne convenait pas que le parti qui se voulait incarner l’héroïsme de la résistance soit ainsi flétri par la faiblesse témoignée par ses plus hauts responsables. Le manteau de silence jeté sur ces événements se perpétua donc pendant 45 ans.
Relecom retrouva sa femme, arrêtée avec lui en juillet 1943 et rapatriée de Ravensbruck. Très rapidement cependant il reprend du service, via ses compétences professionnelles. Militant politique dans une cellule de quartier, il crée en 1946, la Librairie du Monde Entier. L’année suivante il est chargé de l’administration de la presse et présidera à la création de la Maison de la Presse qui s’installe rue de la Caserne. Mais en 1947, signe tangible à la fois du manque criant de cadres qualifiés et de la sympathie qui l’entoure toujours dans le parti, il est désigné comme secrétaire fédéral à Charleroi, puis à Bruxelles l’année suivante. Seul des quatre à bénéficier de cet honneur, il est réélu la même année au comité central. C’est l’époque des affrontements les plus aigus de la guerre froide et le PC tente partout de durcir les luttes. Il en va ainsi de la tentative de saboter les projections du film américain anticommuniste Le rideau de fer. Devant l’échec de l’opération due en partie à la crainte de la répression, il rappelle la solitude des communistes lors du Pacte, des partisans lors des premiers attentats et des représailles et exalte le courage de ceux qui ont affronté l’ennemi, qui ont vaincu la peur. Cela ne suffit manifestement pas à redresser la lente mais constante décrue communiste. Technique toujours en vogue, celle du bouc émissaire fait en sorte de l’écarter du cadre permanent en août 1949. Il prend alors la direction qu’il conservera jusqu’à son décès : les affaires commerciales dans l’orbite communiste. Il devient administrateur délégué d’une entreprise d’import-export avec les pays socialistes, Tracosa. Il s’adapte bien à son nouveau rôle et s’intègre parfaitement dans le monde des affaires sans toutefois abandonner la politique. En fait, dira de lui l’un de ses plus proche associé, il demeurera toujours un politique en affaires. Entre 1950 et 1953 il est affecté « au travail Paix », c’est-à-dire à la direction de l’Union belge pour la défense de la Paix dont il exerce un temps la présidence, sans réussir vraiment à s’y distinguer. Par ailleurs, depuis 1947, il est actif dans le milieu des anciens Prisonniers Politiques et assure le secrétariat général de l’Amicale des ex-prisonniers de Sachsenhausen. De son coté, sa femme suit les cours des Beaux Arts et devient céramiste. Emile est militant des Jeunesses Populaires, organisation communiste de la jeunesse.
En 1954, le XI Congrès du PCB est l’occasion d’une grande remise en ordre critique, touchant aux personnes et à l’orientation politique. C’est alors que l’ » affaire des quatre » refait surface à l’intérieur du parti et Relecom est définitivement écarté du Comité Central.
Il en demeure cependant l’un des conseillers financiers influents. Il développe en particulier le commerce avec la Chine où il effectue un premier voyage en 1960. Au sein des Amitiés Belgique-Chine, il constitue dès 1957 une Commission économique qui va jouer un rôle déterminant pour le développement des relations industrielles et commerciales avec ce pays. Conviction réelle, rupture de génération et de culture politique avec la nouvelle direction du PCB, proximité et intérêt professionnels se conjuguent pour expliquer l’appui qu’apporte dès le début Xavier Relecom à Jacques Grippa quand, en 1963 ce dernier rompt avec le PCB pour créer un parti communiste, désigné sous l’appellation de » maoïste » « chinois » ou simplement « grippiste ». Il siège un temps à sa direction sans jouer de rôle public. Un lien particulier relie manifestement plusieurs des alliés de Jacques Grippa : leur fraternité due au passé commun de prisonnier politique. Professionnellement, Relecom quitte Tracosa demeuré dans le giron du PCB pour rejoindre et diriger Sodexim, une société consacrée exclusivement aux relations avec la Chine. Parallèlement, sous sa direction, la commission économique Belgique-Chine est relancée et les plus grandes entreprises belges se pressent pour bénéficier de cet immense marché. Quand après la révolution culturelle chinoise, Jacques Grippa choisit d’appuyer publiquement Lio Chao Chi contre Mao, Xavier Relecom rompt avec lui. Il apportera son appui personnel et financier au petit groupe « Clarté » qui se constitue autour de Fernand Lefebvre et perpétue le maoïsme sous le nom de Parti communiste marxiste-léniniste. Il s’éteint dans sa 78e année, retraité mais toujours actif au sein de ces diverses instances. Il était revenu quelques jours auparavant d’un dernier voyage en Chine. Selon ses vœux, le cercueil était recouvert du drapeau rouge avec faucille et marteau.
Socialiste de gauche, communiste, autodidacte, député, secrétaire général d’un parti avec lequel il a connu les moments les plus exaltants des années trente et les plus difficiles de l’immédiate avant-guerre et de la guerre, renvoyé à la case départ à l’issue de celle-ci, Xavier Relecom a pu rebondir en mobilisant ses capacités personnelles et un sens très aigu de l’opportunité. Homme de relations publiques, affable et chaleureux, fin négociateur, devenu homme d’affaires prospère, Xavier Relecom a parfaitement navigué entre ses convictions maintenues et même affûtées et le monde des grands financiers et industriels, sans oublier la Reine Elisabeth, curieuse de la Chine. Il présente à la fois des éléments traditionnels mais aussi atypiques du parcours communiste.
ŒUVRE : Pour le salut du Peuple ! Rapport présenté au VIe congrès du PCB, Bruxelles, CDL, (1936) — Après le 11 avril. Pour battre le fascisme ! Entente démocratique ! (discours prononcé à Bruxelles le jeudi 15 avril 1937), Bruxelles, Germinal (1937). — Il faut que les riches paient, Bruxelles, Germinal, 1938. — Contre les scandales, le peuple veut la propreté (discours prononcé au Parlement), Bruxelles, Germinal, (1937). L’escroquerie de l’Index, Bruxelles, Germinal, 1938 —Unir pour être fort (discours à la session du comité central, le 14 janvier 1939), Bruxelles, Germinal, (1939).
SOURCES : Archives : RGASPI (Moscou), 495 193 34, 495 10a 153 ; 495 74 66. — CARCOB, Bruxelles, microfilms IML, Secrétariat l’IC, Section belge du SRI, bureau politique PCB ; Dossier CCP. — IHOES, Liège, Papiers personnels Relecom. — Entretiens avec Xavier Relecom (1967), Georgette Fisbach (1987), Henri Lederhandler (2002) — J. Gotovitch, Du Rouge au Tricolore, Bruxelles, Labor, 1992 ; J.Gotovitch et M. Narinski (Dir), Komintern : L’histoire et les hommes, Paris, Ed de L’Atelier, 2001. Nouvelle Biographie Nationale, , pp.33-36 ; Xavier Relecom, Vol 7, 2003, pp.303-308.
José Gotovitch