MOINS Jacques

Décès de Jacques Moins, président du CArCoB
Etterbeek, 3 octobre 1929 - Ixelles, 22 février 2011

C’est de manière totalement abrupte que nous apprenons le décès, ce mardi 22 février 2011, de notre ami Jacques MOINS, qui présidait aux destinées du CArCoB depuis 2007.

C’est une perte immense pour notre Centre et pour toutes celles et tous ceux qui l’ont connu et apprécié. Jacques MOINS était une personne de qualité, empli de culture et bardé d’un humour jamais en défaut.

Durant quatre années, il aura mené la barque du CArCoB avec volonté, compétence et dans un esprit de dialogue continuellement entretenu. Il aura été particulièrement fier d’avoir contribué à la réussite de plusieurs manifestations extérieures du centre : colloques, publications, renouveau du site Internet. Et nous venions encore, il y a moins de quinze jours, de mettre en ligne un chapitre de ses mémoires inédits, relatif à l’histoire de la Federation « Belgio » du PC italien.

C’est que notre ami Jacques aura eu une longue et très active vie politique. Étudiant en droit à l’ULB (il sera membre du Conseil d’administration de son ancienne université en 1971) en 1947, il adhère aux Étudiants socialistes. Avec plusieurs de ses camarades, dont Louis Van Geyt, il décide, en 1948, au lendemain de ce que l’histoire officielle a convenu de retenir sous le nom de « coup de Prague », de rallier les Étudiants communistes et, par la même occasion, le Parti communiste de Belgique. Il sera ensuite, notamment, secrétaire d’organisation de la section Jean Guillissen des E.C. (1950-1951) et secrétaire politique de la section d’Ixelles du PCB (1958-1960). Avocat (il était avocat honoraire près la Cour d’appel de Bruxelles), il sera l’un des conseils des parties civiles italiennes lors du procès de la catastrophe de Marcinelle. Ses rapports avec l’immigration italienne, son amour pour l’Italie et son grand intérêt pour les analyses et les évolutions du communisme italien l’amènent, en 1960, à devenir le principal relais entre le PCB et la naissante Fédération « Belgio » du PCI, rôle qu’il continuera de jouer jusqu’à la fin des années 80.

Après s’être impliqué dans la grande grève de l’hiver 1960-1961, il adhère à la Régionale de Bruxelles du Mouvement populaire wallon. Partisan du fédéralisme et d’une région bruxelloise à part entière, il milite également, au sein du Comité fédéral (1964-1998) de la Fédération bruxelloise du PCB, pour un dialogue avec les autres forces progressistes. Il est le seul élu communiste appelé à siéger (1971-1989) au Conseil de l’Agglomération de Bruxelles, préfiguration du futur Parlement bruxellois. De 1977 à 1982, il siège au sein du Conseil communal de la Ville de Bruxelles. Dans cette assemblée, il se passionnera particulièrement pour les questions d’urbanisme, auxquelles il s’était déjà fortement intéressé en tant que membre du bureau de l’ARAU, école urbaine (1972-1976).

Parallèlement, les responsabilités s’accumulent pour lui au sein du parti. Membre du Comité central (1966-1990), il entre au Bureau francophone (1976-1990), puis au bureau politique (1982-1990) du PCB. Il est par ailleurs directeur de la Maison de la presse communiste (1974-1988), éditorialiste du Drapeau Rouge et sera l’organisateur principal des mémorables grandes fêtes du Drapeau Rouge et de la Rode Vaan à l’Espace-Nord de Bruxelles (1977-1985). Rédacteur des Cahiers marxistes, il est l’un des principaux partisans d’une évolution « eurocommuniste » du PCB.

Membre de la commission politique de la Ligue des familles de 1971 à 1980 et membre du Conseil supérieur de l’Éducation populaire de 1977 à 1990, il devient vice-président, puis président (1985-1990) de la Fondation Joseph Jacquemotte, en même temps qu’il préside la Régionale de Bruxelles du PCB-KPB. Mais l’évolution des choses et les remises en cause consécutives à la chute des régimes socialistes en Europe de l’Est et en URSS l’amènent, dans les années 90, à privilégier la voie d’une collaboration des communistes bruxellois avec d’autres forces progressistes. C’est ainsi qu’en 1999, après une brève alliance (1994) avec le PS, lui et la majeure partie des communistes bruxellois, avec ses amies Rosine Lewin et Anne Herscovici, décident à partir de 1999 de soutenir Ecolo. Ce sera là son dernier engagement politique.
 
Depuis six ans, à titre d’administrateur, de vice-président puis de président, c’est au CArCoB qu’il consacrait désormais sa fougue de jeune homme. Il nous quitte alors qu’il projetait de mettre sur pied prochainement un colloque sur le PCB et l’humour, un parmi les nombreux projets qui trottaient dans sa tête, toujours en quête d’occasions d’étudier et d’illustrer le communisme en Belgique, cet idéal qui ne l’aura jamais quitté.
 
Que son fils Philippe et toute sa famille trouvent ici les condoléances émues de la direction, des membres et du personnel du Centre des Archives communistes en Belgique.
 
La cérémonie d’adieu à notre ami Jacques Moins aura lieu ce vendredi 25 février 2011, à 14 h 45, au crématorium de la ville de Bruxelles, 61, avenue du Silence, à Uccle. Réunion à 14 h 30.

 

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